La nouvelle langue
Alors que je suis en train d’écrire tout le bien que je pense d’Alice Munro, je me demande si je vais la qualifier d’écrivain ou d’écri...
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Alors que je suis en train d’écrire tout le bien que je pense d’Alice Munro, je me demande si je vais la qualifier d’écrivain ou d’écrivaine et si elle est auteur ou auteure ? Brève tempête sous un crâne, je tranche rapidement : Madame Alice Munro est un auteur de nouvelles et un écrivain de grand talent ! N’est-ce pas cela qu’on m’a appris à l’école ?
Qu’est-ce
que c’est que cette langue à la mode, qui veut féminiser les professions quand elles
ne le sont pas, et qui, d'un autre côté, trouve normal de dire d’un homme qu’il est une vedette
internationale !
Si
je me laisse aller à mon penchant naturel, j’aurais tendance à dire à ceux (ou
celles) qui polluent l’entrée de mon immeuble par de vilains prospectus : « veuillez
demander l’autorisation à la concierge », mais très vite je me reprends :
« à la gardienne ! » Attention, mon mea culpa s’arrête là et je ne
qualifierai jamais de technicienne de surface l’adorable personne qui fait le bonheur de ma maison et
que, sans complexe ni doute sur le genre, j’appelle ma femme de ménage !
Dans
Le Point, Michel Schneider caricature
ce langage comme étant celui de la gauche. C’est drôle comme son article :
on n’est plus enceinte, mais en
état de grossesse ; on n’est plus pauvre,
mais en situation de précarité, etc., mais je ne pense pas que martyriser la langue soit seulement une
particularité de la gauche.
En
tant que femme, vous sentez-vous plus respectée parce que les politiques disent :
Chère concitoyenne, Cher concitoyen
ou qu'il est écrit dans les circulaires : Chère Madame, Cher Monsieur ?
Ce
parler bête, on le trouve
partout : chez ces présentateurs de télévision qui interrogent des
vieillards sur ce qu’ont fait leur
papa ou leur maman ! On le trouve aussi chez ceux qui ne savent plus
répondre simplement oui à une question, mais tout à
fait ou absolument.
Pourquoi se croire obligé, après avoir dit gentiment bonjour, de rajouter : bonne
journée, alors que c’est déjà fait.
Pourquoi
ces excès de politesse qui n’ont rien voir avec la courtoisie, c'est comme
ces caissières de supermarché, agents de police et autres préposés qui vous jettent à la
figure un bonjour agressif alors que
vous les avez salués d’une formule tout aussi aimable, mais différente…
Les tout à fait et absolument, ce n'est pas nouveau mais jusqu'ici, c'était le fait de personnes dont le français n'était pas la langue maternelle. Dans ses "Lettres de Russie", Custine écrit que les Russes de la bonne société parlent couramment le français, mais avec quelques petites étrangetés dont il s'amuse, comme celle du Russe francophone qui, à la question "On m'a dit que le prince X est mort ?" vous répond "Tout à fait".
RépondreSupprimerNana06