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Alice Munro

Lors du dernier texte de ma rubrique « Parutions », je vous disais qu’à l’occasion de la disparition de Doris Lessing, je m’interrogeais sur les qualités requises pour recevoir cette distinction suprême : le Prix Nobel de littérature. Le Carnet d’or m’avait laissé un souvenir si marquant qu’il m’a semblé impératif de courir acheter Trop de bonheur d’Alice Munro, écrivain couronné par le Nobel 2013.

Dans la foulée j’ai aussi acheté Fugitives, un recueil de nouvelles paru en 2008. Fait étrange, Alice Munro n’a écrit que des nouvelles durant sa déjà longue vie et plus extraordinaire encore, c’est en tant qu’auteur de ce genre littéraire qu’elle a reçu son prix, une Première dans l’histoire du Nobel !

C’est sur une plage de sable doré du Golfe du Mexique que j’ai dégusté ces deux petites merveilles, moi si réfractaire jusque-là à ce que j’appellerais les histoires courtes. Courts, certes, ces morceaux choisis, mais si denses, si concis, qu’ils font vivre, en à peine cinquante pages pour la plupart, des personnages, de leur jeunesse à leur vieillesse, dans une tension tout intérieure, qui génère un suspense essentiellement dû à l’écriture, non aux situations.

Rien d’extraordinaire, rien de pittoresque ; le Canada d’Alice Munro n’est pas une image de carte postale. Les jours y sont froids et rudes, les hommes silencieux, et les femmes, car ce sont les femmes qui font les histoires, ont à bâtir leur monde à partir de cette banalité. Il est dur, cruel, parfois tendre et drôle, mais éblouissant et toujours d’une implacable justesse !

Alice Munro est née à Wingham, petite ville sur le lac Huron, dans l'Ontario. Son père était éleveur, sa mère institutrice. Elle publie sa première nouvelle en 1950, alors qu'elle est étudiante à l’Université et elle gagne sa vie comme serveuse ou bibliothécaire. Elle épouse James Munro en 1951 et s'installe avec lui à Vancouver, Colombie britannique. Le couple tient une librairie à Victoria. Ils ont quatre filles. C'est en 1968 qu'elle publie son premier recueil de nouvelles, Dance of the Happy Shades (La Danse des ombres heureuses). Suit le recueil Lives of Girls et Women en 1971. Divorcée en 1972, Alice Munro repart pour l'Ontario où elle épouse en 1976 le géographe Gerald Fremlin et vit depuis à Clinton, non loin de sa ville natale.

Fugitives et Trop de bonheur, Éditions de l’Olivier 

Post-scriptum : La nouvelle Subterfuges, dans Fugitives, ferait un très bon film...Lisez-la !