Safia Al Rashid

Grande, une démarche féline, une incroyable toison blonde, des yeux pétillants, un sourire désarmant, Safia Al Rashid est belle, tous ceux qui l’approchent le disent. Mais limiter Safia à sa seule beauté physique serait ne pas chercher à analyser la nature de son rayonnement, dû à des qualités de cœur auxquelles on est tout de suite sensible.

Une enfance belge. Safia naît à Bruges d’une mère flamande et d’un père algérien. Abdelkader El Malqui arrive très jeune en Belgique, apprend le néerlandais, rencontre par une amie de son frère une jeune étudiante, qu’il épouse. Les El Malqui vont avoir trois enfants, Safia, puis deux garçons de cinq et dix ans plus jeunes qu’elle. Elle grandit à Waregem, dans les Flandres, fait des études de commerce et non d’art mais, dit-elle : «je pense que l’intérêt pour l’art n’est pas forcément une question d’études ; pour moi, il est venu d’une attirance pour des objets et pour les artistes qui les créent, ce qui m’a amenée très jeune à acheter des œuvres. » Ron Arad, plasticien/ designer/ architecte, fut sa première découverte. En souvenir, elle lui consacrera une exposition l’été 2010, dans sa toute jeune galerie monégasque.

Elle crée Sem-Art Gallery à Monaco. A 21 ans, Safia rencontre l’homme d’affaires et milliardaire saoudien Nasser Al Rashid qu’elle épouse et avec qui elle a deux enfants. Le Docteur Al Rashid, diplômé en civil engineering (ingénieur en génie civil) et sa famille s’installent à Monaco, où ils vivent depuis seize ans et où les enfants sont scolarisés. Mais Safia Al Rashid, mère aimante et attentive, n’a cependant pas l’âme d’une oisive et collectionner ne lui suffit plus, elle veut communiquer sa passion de l’art aux autres. En quête pendant trois années d’un lieu pour la galerie qu’elle souhaite ouvrir, Safia découvre les trois cent cinquante mètres carrés de l’ancien restaurant Maxim’s au cœur du Carré d’or de Monte-Carlo. Les espaces sur deux niveaux sont alors aménagés pour présenter de l’art contemporain et, cerise sur le gâteau, un petit restaurant avec sa terrasse permettra aux amateurs d’allier le goût pour l’art à la gastronomie. Sem-Art Gallery ouvre avec Belgian Art à la fin juin 2010, le jour des fiançailles du Prince Albert qui est son premier visiteur. Pour Safia Al Rashid, qui a un ambitieux programme d’expositions, cette thématique s’impose puisqu’elle lui permet de présenter l’art de son pays, notamment des œuvres de Win Delvoye. Elle organisera ensuite, une personnelle de Ron Arad, puis French Art en septembre et Greek Art en janvier 2011.

Une place de choix dans le monde contemporain. En six mois Safia a su s’implanter dans le milieu de l’art par la qualité de ses expositions, ses relations avec les galeries internationales où elle a acheté des œuvres, un fichier de collectionneurs notamment de collectionneurs belges, mais sa fierté est aussi d’avoir initié à l’art des visiteurs qui n’en avaient encore jamais acheté. Elle est membre de Point Art Monaco, une association qui réunit les galeries Toninelli, Grippaldi, Maison d’Art et la sienne, pour participer ensemble à des foires d’art contemporain, comme en décembre 2010, la BRAFA (Brussels Antiques and Fine Art). A côté de ses activités de marchande, Safia Al Rashid reste une fervente collectionneuse ; elle s’investit aussi dans l’aide à l’organisation de grandes expositions internationales comme celle Damien Hirst au Musée Océanographique. Elle vient d’ailleurs d’être récemment nommée Présidente des Amis du Musée Océanographique, et souhaite susciter l’engagement de nombreux membres, attirés par les nouvelles orientations du musée.

La Sem-Art Gallery a une riche programmation pour 2011 : A partir du 18 mars et jusqu’à fin avril, ce sera Russian Art, avec d’importantes pièces qui couvriront, peut-être, plus que les cinquante dernières années ; puis les photographies de Julian Lennon en juin ; une exposition d’Ettore Sottsass en juillet ; René Magritte et James Ensor en août/septembre ; une exposition personnelle de Win Delvoye en octobre et Emerging Artists Show, en novembre/décembre.

Pour quitter l’art pour l’actualité. J’ai demandé à Safia comment elle et le Docteur Al Rashid percevaient les bouleversements qui agitent les pays arabes et, qualité marquante de sa personnalité, sa réponse fut directe et franche : « je pense que c’est une chose qui devait se passer, car il y a trop de différence entre et les pauvres et les riches, les gens sont éduqués mais ils ne trouvent pas de travail. Souhaitons en tous cas, que ça se fasse avec le moins de violence possible. »

Propos recueillis par Hélène Jourdan-Gassin en février 2011

Voir une partie de l'entretien dans COTE, avril 2011, n°192