Quelques textes écrits pour COTE

August Sander, autopsie de la République de Weimar

Le Théâtre de la Photographie et de l’Image explore, grâce au précieux prêt de Gerd Sander, le petit-fils d’August Sander*, l’Allemagne de la République de Weimar, en cent vingt photographies ; des paysages, des architectures et des portraits d’archétypes du peuple et de la bourgeoisie allemands. Cette préférence accordée à des types anonymes plutôt qu’aux personnalités célèbres est une des particularités de la photographie germanique des années vingt ; on pense à Erich Retzlaff, Erna Lendvai-Dirksen…, un choix encore perceptible de nos jours chez photographes comme Thomas Ruff, Thomas Struth ou exploré par le cinéaste Michael Aneke dans « Le Ruban Blanc ».
L’exposition de Nice, conçue par Gerd Sander et la galerie Priska Pasquer, présente des portraits frontaux, posés, élaborés, aux titres inconcevables aujourd’hui : Débile mental, Communiste, Persécutée… ; une mosaïque complète des classes socioprofessionnelles de l’Allemagne de l’entre-deux-guerres.
Comment considérer à l’heure actuelle cette œuvre qui a inspiré bon nombre d’artistes contemporains ? Comme Sander lui-même le faisait en 1931: « La nature de la photographie dans son ensemble est documentaire », ou au-delà, comme un constat tragique et muet d’un monde sur le point de s’effondrer.
Rappelons que le Théâtre de la Photographie et de l’Image réalise des expositions d’ensembles de pièces rares, en tirages d'époque, de grands noms de la photographie grâce aux prêts de grandes institutions ou de collectionneurs privés.
Ce fut le cas pour Le photogramme avec les Man Ray, Rodtchenko, Moholy-Nagy…
Hélène Jourdan-Gassin
Jusqu’au 15 mai 2011
Théâtre de la Photographie et de l’Image
27, boulevard Dubouchage, Nice.

*Des œuvres d’August Sander participaient à : Carte Blanche à la Kicken Berlin, un riche panorama de la photographie allemande de l’entre-deux-guerres à la fin des années 50, Septembre de la Photo 2004.