Faut-il partir ou rester ?
Olivier PY L’article du journal Le Monde, daté comme à son habitude du lendemain, c'est-à-dire du 30 mars 2014, titré : " Pa...
https://lolagassin.blogspot.com/2014/03/faut-il-partir-ou-rester.html
Olivier PY |
L’article
du journal Le Monde, daté comme à son habitude du lendemain, c'est-à-dire du 30
mars 2014, titré : " Partir ou rester ? Les artistes divisés face au Fn »,
pose le réel problème du comportement à avoir face à une municipalité Fn, quand
on fait partie du monde de la création.
Les
déclarations d’Olivier Py ont ouvert le chemin d’une réflexion sur ce point et
ont évoqué pour moi deux situations que j’ai vécues à Nice, à ce sujet.
Le
premier dilemme s’est posé en 1990 lorsque Jacques Médecin dans un débat
municipal a déclaré : « Je ne connais pas un Israélite qui refuse un
cadeau », terribles paroles, il est vrai, mais sorties de leur contexte, que
Georges-Marc Benamou a mis à la une de son magazine Globe. Or la Ville de Nice se
préparait à ouvrir son Musée d’Art Moderne et Contemporain et cette phrase du
Maire s’avérait catastrophique pour cet événement qui se voulait
international. Il se trouve qu’à l’époque, je présidais la foire d’art
contemporain Art Jonction international
que j’avais créée en 1986.
Les
paroles désastreuses de Jacques Médecin eurent une répercussion immédiate
sur les prêts d’œuvres au Musée, dont beaucoup furent retirés compte tenu du
contexte, et par ricochet, sur Art Jonction en pleine préparation de sa
cinquième session. Les galeries nationales et internationales (110 étaient
inscrites) nous sommant de changer de ville.
Que fallait-il faire, abandonner ? Dans l’impossibilité financière de céder à ces exigences, nous avons poursuivi notre organisation et en juillet 2010 nous avons ouvert les portes de la Foire sans les quelques galeries qui s’étaient désistées (j'en profite pour rappeler que la Ville de Nice ne subventionnait pas la manifestation)…
Que fallait-il faire, abandonner ? Dans l’impossibilité financière de céder à ces exigences, nous avons poursuivi notre organisation et en juillet 2010 nous avons ouvert les portes de la Foire sans les quelques galeries qui s’étaient désistées (j'en profite pour rappeler que la Ville de Nice ne subventionnait pas la manifestation)…
La
seconde alternative s’est présentée en 1995 et ne concernait, cette fois, que le devenir de la
galerie Lola Gassin. Jacques Peyrat adhérait à l’époque au Front national et se
présentait comme Maire de Nice. De mon côté, je militais avec une association,
l’ADN*, contre le Fn, et nous avions organisé une exposition assez pertinente de
dessins d’artistes. La réaction fut immédiate et violente ; les dessins
furent arrachés et ma collaboratrice molestée… Je pris position dans la presse (même le Washington Post s’en fit l’écho), annonçant que je fermerais ma
galerie si un Maire Fn était élu.
Il
fut élu et je fermai ma galerie…
C'est
pourquoi je comprends la réaction d’Olivier PY, relatée par l’article du
Monde :
"J’ai reçu une pile de lettres de menaces, souvent homophobes, depuis le début de la semaine, explique au téléphone le metteur en scène et directeur du Festival d’Avignon. Sa déclaration du 24 mars, sur France Info, au lendemain du premier tour, évoquant l’hypothèse d’une délocalisation du Festival d’Avignon, et sa démission, en cas de victoire du Front national à Avignon a déclenché une tempête."
"J’ai reçu une pile de lettres de menaces, souvent homophobes, depuis le début de la semaine, explique au téléphone le metteur en scène et directeur du Festival d’Avignon. Sa déclaration du 24 mars, sur France Info, au lendemain du premier tour, évoquant l’hypothèse d’une délocalisation du Festival d’Avignon, et sa démission, en cas de victoire du Front national à Avignon a déclenché une tempête."
Je dirais qu'il y a dans la déclaration d’Olivier PY une impétuosité rafraîchissante qui manque bien souvent au monde de l'art aujourd'hui, mais qu'elle pèche, en même temps, par un manque de réalisme.
Comment
délocaliser si le Ministère de la Culture n’est pas d’accord ?
Ce qui est valable pour une organisation privée ne l’est pas pour une activité subventionnée.
Ce qui est valable pour une organisation privée ne l’est pas pour une activité subventionnée.
D’autre
part, comment accepter de pénaliser des villes, sous prétexte que les uns ont
voté Fn, les autres non, ou finalement, ont préféré aller à la pêche ?
Olivier Py a eu, à chaud, une réaction de jeunesse. Ce sont les plus belles, mais ce sont aussi celles dont il faut apprendre à se garder, si l'on veut que, tant bien que mal, marche le monde...
Nice, le 29 mars 2014
ADN* : Association pour le Démocratie à Nice