Gilbert Pedinielli "Portraits de femmes rencontrées"
Pour la première fois dans mon blog, je laisse la parole à d’autres… Pour deux raisons : la première étant que faisant partie des p...
https://lolagassin.blogspot.com/2014/03/gilbert-pedinielli-portraits-de-femmes_27.html
Pour la première fois dans mon blog, je laisse la
parole à d’autres…
Pour deux raisons : la première étant que faisant
partie des portraits de femmes de Pedinielli, il m’est difficile d’en faire
l’analyse ; la seconde, et la plus valable, tient à ce que deux des femmes qui lui sont le plus proches ont écrit les textes qui lui
correspondent le mieux… Place à elles !
HJG |
Maud Barral, photo Gilbert Pedinielli |
Portraits de femmes rencontrées
Deux ou trois choses que je sais des femmes de Gilbert
Pedinielli
Depuis toujours, Gilbert Pedinielli pose un regard
amoureux, aimant, reconnaissant, admiratif sur les femmes rencontrées de près
ou observées de loin.
La première exposition qu’il leur consacre a lieu à
Calibre 33 en 1978. « Las Locas de la
Plaza de Mayo » consiste en 13 dessins
de femmes, mères et grands-mères de disparus, los desaparecidos, après le coup
d’Etat militaire de 1976 en Argentine.
Ces " folles" tournent inlassablement, le jeudi, autour de la Plaza de
Mayo, brandissant les photos de leurs filles, fils et petits-enfants enlevés par
les séides des putschistes.
Dans des épures sur papier, noir et blanc, aplats
d’encre de Chine, à la plume ou au pinceau, il met en relief les traits de
visages marquant la détermination des mater dolorosa devenues des femmes
combattantes, front tendu, regard aigu au cri muet strident.
En 1986, il enchaîne avec des sculptures de « Femmes en Guerre » 40 pièces, métaux divers. Ici, les structures linéaires des lances s’appuient sur les cercles métalliques des corps travaillés en creux et en pleins. Rassemblées, elles font les barricades, isolées, elles sont les vigiles.
Vingt et une femmes en guerre. Des femmes de chair et
de fer, enceintes jusqu’aux yeux, leurs lances dardées vers le ciel. Elles font
front pour défendre leurs filles, leurs mères. Leur arme défiant les dieux et
les barbus, leur bassin métallique protégeant leur futur.
Vingt et une femmes rondes comme des soleils, si
pleines, si fortes, que rien ni personne ne semble pouvoir les faire plier.
Mais nom de dieu, cette prise d’armes est une nouvelle torture. Une nouvelle
servitude ? Elles n’étaient ni guerrières, ni amazones. Et pourtant, elles ont
fiché une lance dans leur flanc pour s’interdire de déposer les armes et ne
plus jamais s’agenouiller.
Ces lances, instruments nécessaires et premiers de
libération et de survie, les pénètrent, les traversent, les transpercent.
Certaines hurlent, d’autres serrent les dents et d’autres encore mourront de ce
nouveau joug plus que des attaques ennemies…
Aujourd’hui, à la Galerie Maud Barral à Nice, Gilbert
Pedinielli propose les visages de 35 femmes qui font partie de son entourage
immédiat et élargi. Chacun s’inscrit sur un fond qui évoque une
caractéristique de la personnalité du sujet.
Il développe sa
pratique de la superposition de plusieurs écrans dans la photo. Ici, les plans rapprochés sont en couleur et
ouvragés au crayon, pastel et peinture.
La
facture de ces récents portraits donne chair aux mots de France Delville qui,
parlant de "La Cité de la Baie des
Anges", écrit à propos du
point de vue de l’artiste : " Un regard d’homme où il y a du respect et de la
tendresse pour les femmes."
Dans le travail de l’artiste, il n’est en aucun cas question de représentation mentale générale de La Femme, mais bien d’individuation de femmes. Dans le traitement de chaque série, Gilbert Pedinielli avance douleur et détermination, amour et force, ventre fécond et arme de guerre, sensualité et innocence, douceur et joie pour une Lotta Continua, une Révolution Permanente contre « la violence du monde comme manipulation » de plus de la moitié des individus composant l’humanité. Combats multiples, singuliers et collectifs sur tous les fronts à la fois, indispensables et inéluctables. Dans cette dernière production, et pour clore la boucle, les images sont nominatives et paisibles.
Les
formes d’expression varient dans l’œuvre du plasticien mais une constante la
traverse : la rigueur esthétique de la forme soutenant le propos de
l’artiste lucidement ancré dans la cité.
En parallèle, s’invite son sens de l’humour qui lui accorde l’utile
distanciation face à l’implication et la dimension politiques.
Jany
Pedinielli
Nice,
le 14 février 2014
Exposition
à la Galerie Maud Barral
Jusqu’au
29 mars 2014
16, quai des Docks, Nice