Avec "Carol", j’étais "Loin du Paradis" !
Cate Blanchett Tout était parfait à Cannes ce dimanche passé, le beau temps avec juste qu’il fallait de vent, la foule et ses jeunes...
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Cate Blanchett |
Tout
était parfait à Cannes ce dimanche passé, le beau temps avec juste qu’il
fallait de vent, la foule et ses jeunes gens en smoking vous demandant
nerveusement si vous aviez une place, ses jeunes filles en jolies robes,
quémandant la même faveur sur leurs petites pancartes… Un tapis rouge foulé par
des pieds célèbres : Salma Hayek, Jake Gullenhaal, Isabelle Huppert,
Vincent Cassel, Eva Longoria etc. ; Thierry Frémaux bavardant avec Benicio
Del Toro, dans l’attente du jury mené par une Cate Blanchett resplendissante… Tous
les voyants clignotaient : attention chef-d’œuvre !
Dans
la salle surchauffée, par la chaleur plus que par la fièvre, un public très
sage (je me remémorai l’atmosphère délirante pour Mommy, l’année dernière)
attendait ce que quasiment toute la
presse avait déjà annoncé comme la Palme 2015 !
Plus
que quiconque, je m’étais équipée de kleenex, tant le souvenir de Loin du paradis de Todd Haines, avec
l’inoubliable Julianne Moore emplissait encore mon cœur d’émotion.
Si l’on tient à tout prix aux comparaisons, c’est bien de Loin du paradis, du même réalisateur, qu’il faut rapprocher Carol et non de La vie d’Adèle, comme l’ont fait la plupart des critiques, se référant au thème commun, c'est-à-dire un amour lesbien.
Or, si Carol et Loin du paradis traitent aussi d’homosexualité, c’est surtout la période dépeinte qui les rapproche, cette atmosphère étouffante d’une Amérique du Nord soumise au maccarthysme, dans laquelle l’homosexualité est perçue comme un crime.
Bon,
venons-en maintenant à ce film proclamé chef-d’œuvre par la plupart et mélo
lesbien soporifique pour d’autres, et à son histoire :
Dans le New York des
années 1950, Therese, jeune employée d’un grand magasin de Manhattan, fait la
connaissance d’une cliente distinguée, Carol, femme séduisante prisonnière d’un
mariage peu heureux. A l’étincelle de la première rencontre succède rapidement
un sentiment plus profond. Les deux femmes se retrouvent prises au piège entre
les conventions et leur attirance mutuelle.
Carol Aird et Therese Bellivet |
Certes
c’est un mélo, mais Loin du paradis
en était un aussi, alors pourquoi ai-je adhéré si puissamment au premier et pas
à Carol ? Parce que si le sujet
est, en gros, le même, c’est-à-dire le drame que représentait l’homosexualité aussi bien masculine que féminine aux États-Unis dans les années 50 et s’il
est traité avec la même qualité plastique, il manque, hélas, à Carol un moteur puissant : celui de l’émotion.
Julianne Moore nous emportait, Cate Blanchett nous laisse sur place !
Je
dirais à Todd Haynes, avec tout le respect que je lui porte, qu’un même miracle
n’a jamais lieu deux fois.
Pour
ceux qui ne peuvent pas se passer de comparer, disons qu’autant il y a de
sensualité débordante dans le coup de foudre d’Adèle Exarchopoulos pour Léa Seydoux,
autant celui de Rooney Mara pour Cate Blanchett me semble emballé dans du
papier glacé ; comme celui qui couvre l’orchidée que tout jeune Américain
des années 50 se devait d’offrir à sa première date *!
Et
ne parlons pas des scènes de sexe ; on sent bien que les corps à corps lesbiens
ne passionnent guère Todd Haynes qui ne fait que les effleurer : un sein à
peine aperçu ou une tête glissée sous un drap… alors que Kechiche les suscite,
les observe et les dirige avec passion…
Autres
temps, autres mœurs, pourrait-on dire et c’est sans doute l’intérêt du film,
cette peinture d’une élégance désuète qui ne laisse jamais place à la moindre démesure.
Carol est une aristocrate huppée de la Côte Est, une Wasp* qui aime avec retenue,
aussi bien son amante que son enfant.
Carol |
Le
film est à son image, élégant, impeccablement réalisé, mais parfois bien ennuyeux…
La
photographie d’Ed Lachman est sublime, les décors et costumes sont une
impeccable reconstitution de l’époque, mais mon dieu que tout cela est sage !
Quant
aux deux interprètes c‘est comme Canada
Dry : ça ressemble à l’alcool, c’est doré comme l’alcool, mais ce
n’est pas de l’alcool !
Imaginez Gena Rowlands en Carol Aird et Audrey
Hepburn en Therese Bellivet et vous auriez deux magnifiques premiers prix d’interprétation !
Alors, allons-y pour la Palme puisque Cannes se veut maintenant plus conventionnel même qu'Hollywood !
*date : rendez-vous
*WASP : White Anglo Saxon Protestant
http://www.lexpress.fr/…/festival-de-cannes-je-n-ai-pas-pu-…