"Phoenix"
Renouer avec le cinéma alors qu’on a encore en bouche le goût amer laissé par les drames d’une année qui a si tragiquement commencé,...
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Renouer avec le cinéma alors qu’on a encore en
bouche le goût amer laissé par les drames d’une année qui a si tragiquement
commencé, retrouver une saveur aux choses de la vie, alors que ce qui se passe
dans le monde nous porte à une lecture plutôt sombre de l’avenir n’est pas
chose facile !
Affiche |
Nelly est vivante,
mais défigurée. Elle est aussi la seule rescapée de sa famille.
Une grave blessure
l’oblige à avoir recours à la chirurgie pour une reconstruction
faciale qui lui donne un nouveau visage, proche de celui qu’elle avait
avant…
Une jeune femme,
juive comme elle, l’accompagne à Berlin, s’occupe de la succession laissée par
sa riche famille et organise son proche départ pour Israël. Mais Nelly,
ancienne chanteuse, n’a qu’un désir, retrouver Johnny,
son mari pianiste, et malgré la mise en garde de son amie qui lui laisse
entendre qu’il n’est peut-être pas étranger à son arrestation par les nazis,
elle part, la nuit, à sa recherche dans Berlin en ruines et le retrouve dans une
boîte de nuit minable où il est employé. Nelly renaît doucement à la vie, mais Johnny
ne voit en elle que le sosie de sa femme qu’il croit morte aux camps, et saisit
là l’occasion de toucher son héritage. Il la pousse à se faire passer pour
elle, et Nelly accepte sans lui révéler sa véritable identité. Il la transforme
alors en son propre double, dans un jeu d’aveuglement et de duplicité, d’une
étonnante cruauté.
Nelly |
En dire plus serait
dévoiler le mystère dans lequel baigne ce film qui, loin de n’être que le mélo
dont je semble retracer le récit, crée une atmosphère fantomatique, noire,
irréelle, dans laquelle les personnages, telles des ombres, se rencontrent en
de longs face-à-face, presque silencieux, d’une intensité bouleversante.
Johnny |
Cela dit, il convient
de regarder cette histoire non pas comme réaliste, mais plutôt comme une fresque
allégorique de l’amour et de la culpabilité.
Nelly aime, et grâce
à cet amour, elle se reconstruit sans vouloir regarder l’absence d’amour dans le
cœur de l’autre, alors que Johnny qui est coupable d’un manque d’amour, ne peut
que nier en Nelly ce qui la rend à nouveau vivante et donc, il ne peut la reconnaître…
Le réalisateur exprime, par cette peinture d’un amour impossible, le traumatisme et le mutisme de
l’Allemagne d’après-guerre vis-à-vis des camps.