Les balades du samedi
"Bonjour Monsieur Matisse !" Gilles Miquelis Nu étendu , 2013 Huile sur toile, 200 × 400 cm Courtesy de l’...
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"Bonjour Monsieur Matisse !"
Gilles Miquelis
Nu étendu, 2013
Huile sur toile, 200 × 400 cm
Courtesy de l’artiste
|
A
deux pour notre première sortie, nous avons déjeuné en plein soleil sur le
parvis du Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain, puis visité les deux
expositions dudit musée : la grande, "Bonjour Monsieur Matisse!", terminée
mais toujours accrochée, et l’autre, plus modeste "Collection LGR" qui
dure jusqu’au 5 janvier 2014.
A
rappeler à ceux qui l’auraient oublié : "Bonjour Monsieur Matisse !" faisait
partie du grand événement : "Nice 2013 - Un été pour Matisse"
sous le commissariat général de Jean-Jacques Aillagon.
Pour
"Bonjour Monsieur Matisse !", Gilbert Perlein a fait le choix de s’interroger
sur la survivance de l’iconographie matissienne chez les artistes contemporains
en privilégiant la citation directe des œuvres (sic).
Pourquoi pas ? Beaucoup d’œuvres, certaines incontournables, jalonnent ce parcours régi par
une thématique très actuelle pour les artistes majeurs : l’atelier, les intérieurs,
les natures mortes, le nu et le portrait… à laquelle il faut ajouter, pour Matisse, la
danse et les papiers découpés…
Je
ne vais pas détailler un à un les tableaux accrochés, mais je choisirai pour la
première salle du musée, trois pièces qui marquent pour moi cette filiation
(celle de Sophie Matisse mise à part puisqu’elle est familiale) : celle
d’Alain Jacquet, celle de Vincent Corpet et le grand nu de Gilles Miquelis,
jeune espoir niçois.
Dans
le deuxième espace, il y a du Matisse dans les découpages de Louis Cane ainsi
que dans la série de petits dessins plein d’humour de Gérald Panighi. Dans la
dernière salle enfin, de nombreux artistes jouent la carte de la filiation mais
d’une manière qui frise l’anecdote, la figure imposée… C’est le cas de Thierry
Lagalla, de l’artiste italienne Paola Risoli, ou encore de Marco Del Re… Un
coup de chapeau cependant à l’installation de Cynthia Lemesle & Jean-Philippe Roubaud, car elle évoque Matisse sans le copier !
Collection
LGR
LGR, ce sont les initiales des prénoms de trois passionnés d’art : Laurence,
Gaëtane et Roland, ou plus précisément : Laurence Climbeau, Gaëtane et
Roland Botrel qui commencèrent leur aventure de collectionneurs à la fin des années
quatre-vingt.
Erik DIETMAN Jönköping
(Suède), 1937 – Paris, 2002
La Tasse du soir (1998)
Technique mixte sur papier. 72
x 88 cm
© ADAGP, Paris, 2013. Photo F.
Fernandez
|
La
trentaine d’œuvres présentée dans la galerie contemporaine du MAMAC est le
reflet d’une collection rassemblant dans sa totalité plus d’une centaine de
pièces. Elle constitue un ensemble ayant un véritable parti pris cohérent,
sélectif et réfléchi, en constante évolution (sic).
Cela dit, c’est en simple visiteur que je m’exprimerai
ici pour dire que j’ai apprécié les œuvres de la figuration narrative,
spécialement, Eduardo Arroyo, Erró et
Jacques Monory ; que je n’ai pas très bien compris le rapprochement entre
Erik Dietman et Paul Rebeyrolle, mais que j’ai aimé les sculptures de Dietman,
pleines d’humour et de poésie, et moins les peintures de Rebeyrolle qui
demandent des tailles plus importantes pour frapper les esprits. Les pièces de
Pierre Buraglio sont une bonne illustration des problématiques de
Support-Surface… Enfin Yan Pei-Ming, avec
Portrait de Mao, 1995, démontre, avec maestria, l’intemporalité de l’art du
portrait.
"Paradigm shift"
La
galerie est attrayante, d’une dimension raisonnable, avec un beau sol au dallage géométrique, comme on en trouve dans les vieux immeubles niçois. Sous le titre de Paradigm shift l’artiste marseillais Lionel Scoccimaro propose une série d’objets où l’élément brut
(bois, bûche, acier) s’habille d’accessoires sophistiqués faisant aussi bien appel à une imagerie médiévale
ou de BD qu’à un exotisme (ananas) de carte postale.
Après
cette vision muséale, il nous fallait connaître l’actualité de l’art
contemporain dans les galeries. Quittant le quartier Garibaldi pour celui de la
Gare, nous avons voulu découvrir le nouvel « Espace A Vendre » récemment ouvert.
Vue de l'exposition |
Je
cite Benjamin Bianciotto : « (…) des œuvres taillées comme des
déclarations à l’élégance ravageuse, nous laissant devant leur insondable
mystère, comme mal armées. ». C’est
en effet, subtil, élégant mais ce dépaysement ne fait pas toujours sens…
10, rue Assalit
06000 Nice
"Ma hauteur mange ma hauteur"
Galerie Eva Vautier
2, rue Vernier
06000 Nice
"Le Paraphile"
10, rue Assalit
06000 Nice
"Ma hauteur mange ma hauteur"
De
la rue Assalit à la rue Vernier, il n’y a que quelques pas à faire pour accéder
à la galerie Eva Vautier ; il suffit de traverser les rails du tramway !
C’est dans ce bel espace, distribué sur deux niveaux que Jean-Simon
Raclot expose.
Jean
Simon est peintre ; ses tableaux sont des îles de verdure dans l’océan
blanc de la galerie. Cadrés serrés, sans ciel, ces petits formats nous plongent dans un univers à la végétation
exubérante : sous-bois, chemins caillouteux, berges de rivières, mousses…
tout l’attirail du rêve ou mieux, d’un paradis perdu dont nous nous sentons
orphelins.
L’exposition s’accompagne d’un court texte de Jean-Luc Blanc :
« Ma hauteur mange ma hauteur »
L’exposition s’accompagne d’un court texte de Jean-Luc Blanc :
« Ma hauteur mange ma hauteur »
«Pour son exposition à la galerie Eva Vautier,
Jean-simon nous invite à découvrir une série de tableaux et dessins aux teintes
majoritairement
acidulées, chlorophylique fourmillant de
touches intenses comme irradiantes donnant un accent fantastique à l’ensemble
des propositions. Images mémorielles, ayant un rapport avec le parcours du
peintre qui a expérimenté le retrait et la solitude afin de nous ramener à ces
toiles empreintes d’une douce mélancolie fluorée.
A
l’heure où le dérèglement climatique est au cœur de l’actualité, ce dérèglement
chromatique offre comme un filtre puissamment onirique évoquant tour à tour
d’autres temps, d’autres lieux.
Pensons
aux paysages d’Alien de Ridley Scott, « Cobra verde », l’Enfer
vert, cette jungle au cœur des ténèbres.
L’humain
rôde masqué ou désaxé au sein de ce théâtre vide. Vers les verts au plus près
d’un vertige.».
Que
dire d’autre… C’est une belle peinture !
Galerie Eva Vautier
2, rue Vernier
06000 Nice
"Le Paraphile"
Cette
balade du samedi se termine par un instant de réel bonheur grâce à Loïc Swiny !
Allier la qualité graphique à un humour décapant est loin d’être monnaie
courante dans l’univers actuel de l’art contemporain ; c’est pourtant ce
qu’a réussi Swiny, éclairé par la pertinence du discours de Fabien Berrais, thérapeute.
Tout commence par un petit livre que je ne
vous recommanderais jamais assez de commander (www.sweeen.com/photo ou mr@sweeen.com), qui répertorie des paraphilies
(perversions) délirantes, imaginées par notre auteur*.
Il faut lire l’avant-propos de Swiny dans lequel il se précise dans ses
goûts comme professionnellement : « J’aime l’art contemporain. Aussi
loin que je m’en souvienne, j’ai toujours aimé l’art contemporain. Sa pluralité
et la richesse de ses moyens d’expression en font un terrain de jeu, de
recherche et d’expérience le plus inspirant que je connaisse.
Designer graphique de profession,
infographie, photographie et encre sont les outils que j’utilise
quotidiennement pour modeler cette inspiration (…) ». Vient ensuite la
préface de Fabien Berrais, psychothérapeute comportementaliste, qui analyse (si
j’ose dire) ce rapprochement possible et ludique entre sa pratique et l’art contemporain.
Il dit : « (…). L’approche artistique a souvent permis de dévoiler ce qui ne
peut être ni entendu, ni dit ». Voilà beaucoup de mots pour parler d’une
exposition, mais on peut (ou presque) se passer d’eux pour apprécier les pièces
accrochées au mur, qui déclinent quelques-unes des perversions répertoriées
dans la grande affiche de l’entrée. planches #041et #090 |
133 planches dessinent graphiquement, mais
avec l’ajout d’un mini texte hilarant, les étranges déviances dans lesquelles
vous n’allez pas vous reconnaître… enfin, je l’espère, pas dans toutes !
L’artiste se propose, en neuf planches, de
tracer votre « autoportrait paraphile ».
*« La paraphilie : (du grec
para- [παρά], « auprès de,
à côté de » et -philia
[φιλία], « amour », est l’ensemble des attirances ou pratiques
sexuelles qui diffèrent des actes traditionnellement considérés
comme « normaux » ; les
pratiques elles-mêmes sont souvent classées comme des délits ou des crimes
sexuels dans différents pays. Le terme de paraphilie est utilisé par certains milieux
psychiatriques aux États-Unis
à la place du mot perversion,
considéré comme péjoratif ; il a été inventé par Wilhelm
Stekel durant les années 1920.
Un sexologue du nom de John Money l’a popularisé plus tard en tant que
désignation non péjorative pour classifier "les intérêts sexuels inhabituels".
Il décrivait la paraphilie comme un « embellissement
sexo-érotique, ou alternative à la norme
officielle idéologique ».
Galerie Le
22
22, rue de Dijon
06000 Nice
22, rue de Dijon
06000 Nice