Edito de Noël

Tous mes vœux pour Noël, chers lecteurs ! Ils sont un peu en avance car ce sera le dernier envoi mensuel de mon blog (il deviendra bimensuel à partir de 2015), ce qui m’autorise à anticiper.

L’année prochaine, lolagassin.blogspot aura cinq ans !

Depuis 2014, grâce à sa nouvelle formule éditoriale et surtout aux deux plumes (bien qu’un peu paresseuses cette dernière quinzaine) qui m’ont rejointe, sa fréquence s’est régularisée. Notre lectorat s’étoffe en quantité et qualité et je vous remercie tous d’ouvrir nos « fenêtres », même si pour certains, c’est encore un peu compliqué !

Dans ce blog, je n’aborde généralement pas les grands sujets de société, qu’ils soient philosophiques, politiques ou religieux. Est-ce la proximité de Noël qui m’amène à déroger à cette règle, en tout cas, je ne peux taire ma satisfaction à la lecture des hommages unanimes rendus par la presse, dans La Croix évidemment, mais aussi dans Le Monde, Libération, Le Figaro… à Emile Poulat, sociologue, spécialiste du catholicisme et de la laïcité, disparu le 22 novembre à l’âge de 94 ans.

D’éducation catholique comme beaucoup de Français, mais n’étant plus ni pratiquante ni véritablement croyante, le catho/bashing, qu’il est de bon ton de porter haut et fort aujourd’hui dans ce pays, m’attriste sans que je puisse, hélas, lui opposer une contradiction savante et étoffée. C’est pourquoi je me sens profondément réconfortée en prenant connaissance du parcours très atypique d’Emile Poulat. Ordonné prêtre en 1945, il renonce au sacerdoce en 54. Il entre au CNRS en 55, publie : Histoire, dogme et critique dans la crise moderniste en 1962, puis Liberté laïcité en 87, Notre laïcité publique en 2003 et dès lors s’affirme, aux dires des professionnels de tous horizons de pensée, comme le plus éminent spécialiste de la laïcité.
http://www.canalacademie.com/ida6354-Quel-texte-fonde-la-laicite-Emile-Poulat-scrute-la-loi-de-1905.html
Totalement ignorante, je le confesse, du parcours de ce savant, je me suis précipitée sur mon ordinateur pour écouter la voix claire et posée de cet homme de 94 ans qui retrace ce qu’a été la loi de la laïcité, dans sa version initiale parue au Journal Officiel, signée et paraphée en 1905 par Emile Loubet, pour ensuite être modifiée cinquante fois jusqu’à aujourd’hui.

Je ne pourrai que vous engager à prendre connaissance du contenu des colloques et entretiens auxquels cet éminent personnage a participé, et m’étonner qu’au sujet de cette loi que chacun dresse comme un étendard face à l’autre, dont il pense qu’il la bafoue, le nom d’Emile Poulat ne figure jamais.

Il y a toujours eu dans notre pays des combats de droite et de gauche, mais ce qui est frappant aujourd’hui c’est que l’ignorance finit par opposer sur les mêmes sujets des gens qui, bien souvent, pourraient s’entendre.

Je prends pour exemple l’émission de France 2 "Des paroles et des actes" www.francetvinfo.fr/replay-magazine/france-2/des-paroles-et-des-actes/ dont le thème était : « la droitisation de la France ». Chacun des quatre interlocuteurs, voulant défendre son pré carré, s’est opposé aux autres dans un autisme révélateur de ses préjugés. Robert Ménard résume la souffrance actuelle de la France à un trop-plein d’immigrés alors que Jacques Attali y voit d’idylliques lendemains qui chantent. Guillaume Roquette pense la France insatisfaite du changement pour le changement ; quant à Rokhaya Diallo, militante féministe, antiraciste, elle assène tranquillement : " Ce n’est pas grave si la France change de religion majoritaire ", une assertion triomphante qui attise plus qu’elle ne démonte l’islamophobie qu’elle dit vouloir combattre.

Aussi, pour quelques années encore en France, le Père Noël ou Saint Nicolas apporteront des jouets aux enfants ; des arbres de Noël fleuriront les places des villages et des crèches* sortiront parfois des églises pour conter à ceux que ça fait encore rêver une histoire vieille de plus de deux mille ans.

*D’après la loi de 1905 -séparation de l’Église et de l’État-, il est interdit d’installer tout symbole religieux dans un bâtiment officiel de l’État.