Du nouveau : l'éditorial !
Chers lecteurs, aux alentours du 10 de chaque mois, vous recevez par e-mail un rappel des derniers articles de mon blog ou des plus mar...
https://lolagassin.blogspot.com/2014/11/edito.html
Chers
lecteurs, aux alentours du 10 de chaque mois, vous recevez par e-mail un rappel
des derniers articles de mon blog ou des plus marquants, c’est selon…
J’ai voulu, à partir de ce mois-ci, y ajouter un petit
mot, reflet de mon humeur du moment, que j’ai pompeusement appelé : Éditorial.
C’est,
comme il se doit, un espace de liberté, mais qui ne résume pas forcément un point de vue général du blog puisque celui-ci était
jusqu’à maintenant le reflet des positions de
son auteur, c’est-à-dire moi, en l’occurrence.
Depuis
peu, les choses ont changé puisque deux amis (j‘évite le terme de chroniqueur)
se sont joints à moi pour me donner leurs billets d’humeur, sur des livres pour
Thierry Martin, sur des expositions, des événements, des sorties pour Sonia
Dubois.
Libre
à eux de ne pas toujours partager mes opinions, mais si divergences il pourrait
y avoir, elles ne seront pas jugulées et s’exprimeront sous forme de
notes en bas de page qui bien sûr, vous seront accessibles.
Après
ce préambule, j’en viens à ce qui m’a interpellée, dirons-nous, depuis ces dernières
semaines et que je résumerais en empruntant le titre du dernier livre de Régis
Debray, "L’erreur de calcul ".
Je
n‘ai pas lu son ouvrage, un pamphlet philosophique sur l’économie me
semble-t-il, mais j’ai été passionnée par son intervention dans « Ce soir
ou jamais », l’émission de Frédéric Taddeï qui traitait d’un sujet brûlant : « Les entreprises sauveront-elles la
France ? » Bien
que n’étant nullement une brillante économiste, ça se saurait, j’ai été frappée
par la justesse du propos de Debray qui craint de voir notre société, après
l’illusion religieuse, puis politique, céder à l’illusion économique.
Comment
ne pas entendre cette mise en garde alors que nous venons de relater, ici même
dans ce blog, les succès, emballements et égarements de l’art contemporain en
cette semaine de FIAC qui cumule les chiffres, au niveau des galeries, des
artistes, des visiteurs, des collectionneurs, des institutionnels, des
journalistes et que sais-je encore…
Régis
Debray a eu, au sujet de l’art, cette phrase magnifique : « Avant, il
fallait avoir de l’argent pour acheter de l’art, maintenant on achète de l’art
pour faire de l’argent. »
Je
me suis prêtée à un petit jeu bête et méchant en relevant les incohérences
entre l’étalage d’autosatisfaction que la FIAC, première vitrine de l’art
international en France, et la presse française (ne faudrait-il pas dire
parisienne) affichent, alors que de par le monde, la lisibilité des artistes
français est pratiquement inexistante.
Pour
ce faire je me suis référée au rapport annuel que donne Art Price,
artprice.com, du marché 2013/2014 de l’art contemporain dans le monde, c’est
édifiant !
Dans
le top 500 des artistes ayant le plus gros volume de ventes, j’ai choisi
délibérément de regarder le marché européen (la Chine puis les USA écrasant
tout le reste) :
La
Grande-Bretagne arrive première avec 25 artistes
bien placés dont Peter Doig à la 5èmeplace.
L’Allemagne
est deuxième avec 24 artistes très bien placés dont Martin Kippenberger à 7èmeplace.
La
France est 3ème avec 7 artistes présents,
mais Robert Combas n’arrive que 134ème.
L’Italie
est en 4ème place avec 6 artistes, mais Maurizio Cattelan se place 96ème.
La
Belgique est 5ème avec 5 artistes dont Francis Alys en 203ème position.
L’Espagne
est 6ème avec 3 artistes dont Miquel Barcelo à la 120ème
place…
L’Europe
en tant que continent (certains pays ne figurent pas dans la liste ou seulement
pour un ou deux artistes) totalise 84 artistes sur les 500, ce qui est peu,
alors que les pays dits émergents se sont, eux, rapidement fait une place sur
le marché.
Pour
clore ce palmarès, j’espère vous donner le tournis en vous disant que
Jean-Michel Basquiat*, qui est numéro un,
totalise la coquette somme de € 162. 277.646 !
Si
je vous ai gorgés de chiffres, c’est qu’aujourd’hui en art comme ailleurs, la
réussite économique fait l’artiste, mais comme l’évoque Régis Debray, il y a
peut-être, une erreur de calcul !
J’entends
déjà ce que vont dire les galeries mises en cause sur cette mauvaise position
de l’art contemporain français dans le monde : « Mais vous
parlez de ventes aux enchères, or nous ne mettons pas nos artistes dans les
ventes ! », mais alors, pourquoi les vendent-ils si cher s’ils n’ont
pas de cote officielle ? Grâce à leur notoriété, répondront-ils !
Mais laquelle ? Celle créée par un microcosme d’écoles d’art/centres
d’art/musées/galeries/commissaires/fondations/collectionneurs/maisons de vente/ministère
de la culture, etc., tous jouant dans la même cour.
Pour
revenir à la question de Ce soir ou jamais : «Les entreprises
sauveront-elles la France ? », je n’en sais fichtre rien mais je
pense en tout cas que le microcosme dont je parle ne sauvera pas l’art français
s’il continue à s’autofinancer et à se
satisfaire de réputations usurpées.
Hélène Jourdan-Gassin
Les artistes de la liste d’Art Price sont nés au plus tôt en 1945 et un des plus jeunes, Oscar Murillo, a 30 ans. Vingt sont décédés.