Un été culturel sur la Côte (suite et peut-être fin)
Je me sens en ce moment comme ces enfants qu’on assigne (ou qu’on assignait car aujourd’hui le fait-on encore ?) à leur table de trava...
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Je me sens en ce moment comme ces enfants qu’on assigne (ou qu’on assignait car aujourd’hui le fait-on encore ?) à leur table de
travail et qui cherchent à éviter ce qu’ils ont à faire par les moyens les plus
divers : dans mon cas, donner à manger au chat, arroser le jardin, trier
de vieux papiers, téléphoner aux amis à propos de tout et de rien ; en un
mot puisqu’il y en a un, et très savant, repêché aujourd’hui : je procrastine
* !
Cependant, chose promise chose due, j’avais annoncé un compte rendu de l’exposition « Cascades » d’Arman chez Guy Pieters et la visite de « Je dois tout d’abord m’excuser » de Joana Hadjithomas & Khalil Joreige à la Villa
Arson : les voici !
« Cascades »
Dans la superbe galerie Guy Pieters de
Saint-Paul-de-Vence, rarement l’œuvre d’Arman a été aussi bien montrée. Dans la grande salle en entrant à droite Consumer Cascade, 1996 (dont j’aime tant le sous-titre : La Chute des Courses) nous rappelle que ces cascades d’objets de consommation, en l’occurrence cet emboîtement de chariots de supermarché, enchâssés les uns aux autres, ont été montrés en 1997 par Ileana Sonnabend dans sa galerie de New York. Lui faisant face,More Cindarellas, une accumulation de chaussures de cuir argenté (choisie pour le carton d’invitation) continue à décliner, d’une façon moins évidente, le thème des cascades d’objets…
Plus
accessibles et plus récentes, des séries de jolies pièces d’inspiration culinaire s’accrochent aux cimaises, dont Untitled, 2001, cette coulée de saucières tentant désespérément de chuter au sol, malgré la plaque d’acier qui la retient.
Il y a dans Slow Motion, 1995, cette accumulation de bicyclettes que l’on découvre dans le deuxième espace de la galerie, une évocation étonnante du mouvement, rendue ici par une sorte de plan séquence, ainsi que le nomment les cinéastes, c'est-à-dire une image d’un déplacement saisi sans interruption par la caméra, donc par notre œil … Admirable !
Dans leur ensemble d’ailleurs, toutes les pièces font référence à la composition en 24 images seconde d’une action cinématographique. Ces Cascades, si elles figurent la chute d’un objet en démultiplié, permettent aussi à notre œil une lecture à rebours, faisant de nous des opérateurs qui peuvent à loisir rembobiner l’image et, comme le saumon remonte la rivière, faire revenir l’objet à sa source.
Slow motion Accumulation of bicycles |
Il y a dans cette exposition quelque chose de neuf et de clinquant qui lui donne une actualité bouleversante (l’œil d’Arman semble nous interroger avec espièglerie) et la distingue de bien des accumulations de l’artiste, par une sorte de joie qui s’en dégage (que l’on trouve aussi dans l’humour de certains titres).
Ma procrastination coupable (on se sent toujours coupable lorsqu’on est paresseux) m’a conduite à commenter une exposition qui est déjà finie, mais vous pourrez, si je vous ai convaincus, aller voir des pièces d’Arman (pas les mêmes car elles ont presque toutes été vendues) en Belgique :
Guy Pieters
Gallery Kustlaan 279
8300 Knokke-Heist, Belgique
*Procrastiner : du latin procrastinare :reporter au lendemain, remetrre à plus tard quelque chose, généralement par
manque de motivation ou par paresse
« Je dois tout d’abord m’excuser… », Joana Hadjithomas & Khalil Joreige
L’exposition de la Villa Arson, par sa durée et son
ampleur, se positionne comme un des événements importants de l’été sur la Côte
d’Azur… Pourtant, c’est aujourd’hui seulement que j’en fais le compte rendu,
pour les raisons évoquées ci-dessus.
Si j’ai réuni ces deux expositions sous la même tête de
chapitre, ce n’est pas pour les comparer car ça ne se justifie en rien, mais
plutôt pour décrire deux aspects de la création contemporaine quasiment
opposés : une exposition, celle d’Arman, où les pièces parlent
d’elles-mêmes et une autre, celle de la Villa Arson, dont l’artefact est
essentiellement basé sur un discours…
Une lettre arrive toujours à destination, installation vidéo |
Pendant
quinze ans les cinéastes et plasticiens libanais, Joana Hadjithomas et Khalil
Joreige ont collecté et remonté la trace de plus de 4 000 mails. Ils
mettent en scène l’étrange foi qui peut faire croire aux images et aux récits.
La Géométrie de l'espace |
L’exposition
s’articule en quatorze stations ou
espaces, dévolus chacun à un traitement particulier du thème général…
Vous me suivez ?
Dans la plaquette proposée par la Villa Arson, l’architecture du parcours est décrite par un plan, avec pour chaque espace un titre et un texte explicatif sur les documents, dessins, vidéos ou portraits, relatant l’histoire internationale d’arnaqueurs de tout poil dont les techniques, la plupart du temps identiques, ne nous sont, hélas, pas étrangères.
Espace
1. La lettre de Jérusalem
Histoire
de nous dire que rien n’est neuf sous le soleil, des documents nous révèlent
ces arnaques qui apparaissent en France à la fin du XVIIIème siècle sous le nom
de Lettre de Jérusalem, qui content
les déboires de nobles et de leurs valets en fuite et souhaitant récupérer un
trésor en sollicitant l’aide du destinataire devenu la seule personne de confiance ; un mécanisme démonté par le fameux
François-Eugène Vidocq dans son ouvrage Les
Voleurs, avec comme sous-titre :Ouvrage
qui dévoile les ruses de tous les fripons et destiné à devenir le vade mecum de
tous les honnêtes gens.
Espace
2. La Rumeur du monde.
Installation |
Ai-je
commencé par l’interlocutrice la plus convaincante ou suis-je particulièrement
naïve, mais cette soi-disant vieille épouse d’un sénateur américain, spoliée
par je ne sais plus quel parti, secte ou ami… était sur le point de m’arracher
des larmes !
Cette
installation est, à mon avis, la partie la plus marquante de l’exposition et la
maîtrise de ces artistes en tant que créateurs d’images est flagrante.
Ils
ne sont pas cinéastes pour rien !
Globalement,
œuvre artistique, constat sociologique, que faut-il penser d’une telle
exposition ?
Perplexe,
j’ai parfois été captivée par ce que l’étude d’un tel phénomène révèle, mais
j’avoue humblement avoir eu du mal à garder mon esprit en éveil jusqu’à la
Station 14 du parcours.
Jusqu’au
13 octobre 2014
Villa Arson
20, avenue Stephen Liégeard -
Nice
Chere Lola,
RépondreSupprimercomment vas tu?
j'ai beaucoup aimé ton article sur l'expo Arman.
J'ai parlé de ton blog à des amis amateurs et acheteurs d'art.
Que devient ton roman ?
Bises Valérie