Qu’en est-il des foires d’art sur la Côte d’Azur ?
Stand de la galerie Guy Pieters à Antibes On ne peut parler de bilan tant les trois manifestations qui se sont tenues entre avril ...
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Stand de la galerie Guy Pieters à Antibes |
On
ne peut parler de bilan tant les trois manifestations qui se sont tenues entre
avril et juin 2014 sur la Côte d’Azur sont différentes, mais que ce soit « Antibes
Art Fair Antiquités & Art
moderne », « Art Monaco »
ou « ART of the Prom », elles
ont toutes, cependant, l’ambition d’offrir au regard et à la vente ce qu’on
appelle globalement de l’art contemporain ou plus justement, de l’art
d’aujourd’hui.
Un
constat indéniable : la mixité, quelle qu’elle soit, est dommageable à la
qualité de ce type de manifestation, et il n’y a pas, de par le monde, une
foire de qualité qui s’y risque. Or, dans les trois manifestions azuréennes, le
mélange est loi, créant une confusion qui ne bénéficie à personne.
Je
mettrais cependant à part le salon d’Antibes, d’abord pour son ancienneté (il a
été créé il y a quarante ans par Claude Ammirati et Jean Gismondi) ; pour la
qualité de ses exposants (Jean Gismondi, Galerie Fred, Galerie Scalabrino,
Antiquités 1900-1930, Richard Duflot et Martin du Louvre, etc.) et son ouverture
sur l’art moderne et contemporain, faite chaque fois avec discernement, pour
briller cette année avec la participation de la galerie Guy Pieters de
Saint-Paul-de-Vence. On y a vu aussi des maîtres de l’art moderne (Bonnard,
Picasso) et quelques grands artistes européens et internationaux (Alechinsky,
Karel Appel, Corneille, Niki de Saint-Phalle, Viallat, Jan Fabre, Jim Dine…).
Autre
particularité très appréciable, ce salon est organisé par l’ACAAFVA, une
association de commerçants, d’artisans, d’artistes d’Antibes, qui a pour but la
réussite du salon liée au rayonnement des enseignes de la ville auxquelles elle
apporte une clientèle de collectionneurs et de curieux de qualité.
Mais
alors, où le bât blesse-t-il ?
Dans
ce mélange que j’évoquais précédemment, qui met dans un même sac de bons
professionnels avec des amateurs pas toujours bien choisis ; une promiscuité
encore plus flagrante cette année où le salon a manqué de place à cause des
travaux du parking du Port…
Chaleureusement
reçue par Jean Fantino, Président de l’ACAAFVA, je lui faisais remarquer
combien la présence du beau stand de Guy Pieters appelait à ce qu’ils se
lancent dans l’organisation d’une vraie
foire d’art contemporain. Un souhait pratiquement exaucé, puisqu’il est
question de la création d’une telle manifestation pour les années à venir…
Je
ne serai pas aussi positive pour « Art Monaco » !
Comment
peut-on réunir autant d’œuvres tapageusement laides au Forum Grimaldi, alors
que ce bâtiment a accueilli des expositions prestigieuses comme celles d’Andy
Warhol, les pièces époustouflantes d’EXTRA LARGE ou dernièrement « Monaco
fête Picasso », cent-soixante œuvres du maître, issues majoritairement de
la collection Nahmad. Une telle qualité devrait laisser une empreinte et nous
épargner cet étalage d’œuvres médiocres qui rivalisaient avec le faux chic du public…
Le smoking ne fait pas le collectionneur ! Quant aux stands, c’était un
patchwork d’artistes voyants et de galeries confidentielles, exception faite de
la galerie Mark Hachem, une habituée des foires internationales.
Finir
par Nice devrait marquer un tournant… Eh bien non, hélas !
« ART
of the Prom », installée cette année sur le Jardin Albert Ier (la
promenade des Anglais étant en travaux) était petite, mais joliment présentée. On
y remarquait quelques bons artistes, Jean-Marie Fondacaro, Patrick Moya, Jeremy
Taburchi, quelques nouveaux : To Gallardo ; Olivier Lannaud, Zarrou
Assan…
Cependant,
la manifestation n’échappait pas à ce mélange artistes/galeries préjudiciable
(je me répète) à une bonne lecture de ce type de manifestation.
En
définitive, il faut trancher une fois pour toutes : soit on présente un
regroupement d’artistes qui s’exposent eux-mêmes, une formule qui convient
aussi bien à l’éventuel acheteur qu’au professionnel cherchant de nouveaux
talents : ce que nous appelons communément un salon d’artistes ; soit
on s’adresse aux galeries qui présentent les créateurs qu’elles suivent
régulièrement ; une garantie plus grande pour les acheteurs et un forum offert
à tous les professionnels, ce que nous appelons une foire d’art
contemporain.
Dans
les deux cas, la qualité tient à un choix rigoureux qui ne peut se faire que
par la création d’un comité de sélection qui échappe à toutes les contingences
matérielles d’organisation et doit pouvoir accepter ou refuser une
participation, si elle remplit ou pas les conditions requises.
Pour
avoir créé et présidé Art Jonction International, une foire d’art contemporain,
pendant quinze ans à Nice et à Cannes, je sais combien l’enjeu est difficile et
coûteux.
La
foire, peu (pour ne pas dire pas) soutenue par le milieu artistique environnant,
reconnue cependant et aidée par l’Institution, mais non par Nice où elle fut
créée, a fini par mourir en 2000 (je ne parlerai pas de la désastreuse dernière
session) au grand dam aujourd’hui d’un public qui la regrette…
Délégation niçoise à Miami |
Que
n’avions-nous à l’époque un Maire soucieux du rayonnement de sa Ville ! Je
sais, parce qu’il me l’a dit et qu’il m’a fait l’honneur de visiter avec moi
Art Basel à Miami, que Christian Estrosi souhaiterait voir une foire d’art
contemporain de ce type renaître à Nice… Ce serait possible, mais pour cela il
faudrait la volonté commune de
tous les acteurs du monde de l’art sur la Côte d’Azur et ailleurs… Un bien vaste
programme !