Mommy !

Le Palais des Festivals chauffé à blanc, des fans debout hurlant son nom, ont accueilli hier soir Xavier Dolan, le jeune prodige du cinéma canadien, qui vient de faire définitivement bouger les lignes du cinéma et relègue les réalisateurs en lice pour la Palme au rôle de sages professeurs bousculés par l’élève !

Xavier Nolan

Oui, la Palme absolument ! Pour l’inventivité de l’objet, son traitement de l’image en format ¾ (particularité certainement mentionnée dans les dossiers de presse puisque pas un des critiques ne la loupé) pour marquer l’enfermement du personnage alors que l’image s’ouvre quand il s’en évade (hurlements de la salle) ; pour sa musique tonitruante mais envoûtante et les effets surprenants de voix off ; pour la magnifique prestation d’Anne Dorval (un prix - photo ci-dessus) en mère déjantée et aimante comme pour celle de son fils (Steve), Antoine-Olivier Pilon ; pour Kyla (Anne Clément), qui enrichit la confrontation du rapport mère/fils d’une présence bouleversante… n’en jetez plus, la coupe est pleine, me direz-vous ! 

Pourtant, malgré mon intérêt pour Tom à la ferme, le précédent film de Nolan, et l’enthousiasme de mon accompagnateur, je n’étais pas d’une réceptivité inconditionnelle pour cette Diane : « Une veuve qui hérite de la garde de son fils, un adolescent victime de trouble du déficit de l'attention avec hyperactivité, récemment expulsé d'un centre de rééducation. » Je dirais même que le premier quart du film a dérangé mon oreille, d’abord par la façon dont nos amis canadiens massacrent notre belle langue (sous-titres obligatoires), mais aussi par le volume sonore des dialogues (comme on peut être gêné dans les bus par les gamins qui hurlent) et les cris des fans dans la salle… Mais, curieusement, c’est de ces outrances de mots et de sons qu’est née mon émotion, qui est allée crescendo pour participer, au final, au délire général.

Standing ovation d’une salle comble, un Xavier Nolan en larmes comme ses deux actrices, quelle aventure !

Jane Campion ne devrait pas rester insensible à cette trilogie bouleversante et notamment à l’amitié, pleine de non-dits, de ces deux femmes qui s’épaulent pour faire maladroitement face à la dérive de cet adolescent dans la peine.

Un sacré film !

P.S. Ce texte écrit à chaud, le 23 mai au matin, en appelle un autre plus approfondi qui viendra après la remise des prix du Festival de Cannes.

Mille excuses, enfin, pour «nos amis canadiens», car j’ai appris par l’interview d’Antoine-Olivier Pilon dans Libération ce que Nolan a exigé de ses acteurs : « Le film nous fait parler une langue particulière, un québécois du fin fond du Québec que même les gens de Montréal ne comprendraient pas forcément. »  Alors nous...

http://www.lemonde.fr/festival/article/2014/09/18/xavier-dolan-un-realisateur-talentueux-et-plein-de-candeur_4489658_4415198.html

 

http://www.lemonde.fr/culture/article/2014/09/20/xavier-dolan-degoute-par-les-prix-recompensant-les-films-gays_4490979_3246.html