Homesman
Hilary Swank et Tommy Lee Jones Avant de parler du film de Tommy Lee Jones en compétition, vu le dimanche 18 mai, dans le Grand T...
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Hilary Swank et Tommy Lee Jones |
Avant
de parler du film de Tommy Lee Jones en compétition, vu le dimanche 18 mai, dans
le Grand Théâtre Lumière du Palais
des Festivals (grand écran indispensable),
j’aimerais vous donner le résumé de Homesman,
le livre de Glendon
Swarthout qui l’a inspiré :
« Au cœur des grandes plaines de l'Ouest, au milieu du XIXe
siècle, Mary Bee Cuddy est une ancienne institutrice solitaire qui a appris à
cultiver sa terre et à toujours laisser sa porte ouverte. Cette année-là,
quatre femmes, brisées par l'hiver impitoyable et les conditions de vie
extrêmes sur la Frontière, ont perdu la raison. Aux yeux de la communauté des
colons, il n'y a qu'une seule solution : il faut rapatrier les démentes vers
l'Est, vers leurs familles et leurs terres d'origine. Mary Bee accepte
d'effectuer ce voyage de plusieurs semaines à travers le continent américain.
Pour la seconder, Briggs, un bon à
rien, voleur de concession voué à la pendaison, devra endosser le rôle de
protecteur et l'accompagner dans son périple. »
De
ce beau livre et de son étrange histoire, Tommy Lee Jones a tiré son Homesman, un film vaste, riche et
surprenant dont il est le metteur en scène, le coscénariste et le principal
acteur.
Je
ne vous imposerai pas le pitch, car il est assez fidèlement celui du livre
sauf que Tommy Lee Jones y apporte, non pas son grain de sel, mais plutôt sa
poignée de piments !
Inutile,
je pense, de revenir sur sa maîtrise de la mise en scène, vantée par tous, pour
son premier film en tant que réalisateur de Trois
Enterrements (un parmi les nombreux films que je veux rattraper absolument) ;
indispensable cependant, de dire qu’il fait partie des meilleurs acteurs du
cinéma américain dont je garde un souvenir indélébile, aussi bien pour le
shérif Ed Tom Bell de
No Country for Old Men de Joel et Ethan Coen que pour Dave Robicheaux dans
In the Electric Mist de Bertrand Tavernier. Pas inutile de dire, par
conséquent, que Tommy Lee Jones a presque quarante-cinq ans de cinéma derrière
lui et un amour (et ce n’est pas innocent pour ce film) immodéré pour les
étendues immenses de ses deux ranches de San Antonio où il aime galoper quand
il ne tourne pas (lire l’interview de Barbara Théate dans le JDD).
Vous l’aurez compris, les paysages sauvages du
grand Ouest américain (même si c’est tourné à Santa Fe, au Nouveau-Mexique)
sont sublimes et méritent d’offrir un prix à son directeur de la photographie, Rodrigo
Prieto ; images magnifiées par la musique de Marco Beltrami (un autre prix
possible).
Mais revenons
à la mise en scène comme au jeu de Tommy Lee Jones ! J’ai parlé de piments,
il y en a ; à la fois dans l’irrévérence, la violence et l’humour avec lesquels
il dresse le portrait de la condition féminine dans ce village reculé du
Nebraska en 1865, où la pionnière Mary Bee Cuddy (Hilary Swank) cherche
désespérément un mari et, en même temps, choisit de remplir le rôle que les
hommes ont fui : accompagner trois femmes, jugées folles, vers leur nouveau
refuge en Iowa. Pour l’aider dans sa tâche, elle va réquisitionner George
Briggs (Tommy Lee Jones), un pauvre lascar qu’elle sauve de la pendaison.
Rencontre avec les Indiens |
Pas un
western classique, peut-être… Mais un western quand même, Monsieur Lee, et ce
n’est pas un défaut, surtout quand on démythifie les mythes !
Tommy Lee
Jones sait nous faire rire de ses Indiens clownesques, voleurs de chevaux qui
apparaissent au sommet d’une collinette ; de ses agents immobiliers véreux
qui mettent les petits plats dans les grands pour essayer de vendre, par
petites parcelles, l’immensité de l’Ouest à des investisseurs friqués ; de
cette Mary Bee Cuddy, pleine d’innocence, de courage et de frustration…
La romance singulière qui se noue entre ces deux personnages est
inattendue, drôle, parfois émouvante et nous vaut quelques bons mots du
réalisateur/scénariste/acteur… Hilary Swank y est magnifique, trop même, se
dit-on avec malice, car elle vole la vedette au tout-puissant Tommy Lee Jones au point de le
conduire, aux deux tiers du récit, à ce coup de théâtre qui laisse le spectateur
pantois (je ne vous en dis pas plus !).
Pour les amoureux des
livres, Homesman, paru en 1988 aux États-Unis, a obtenu les
deux récompenses littéraires les plus prestigieuses décernées pour le genre du
western.
Une première
traduction, épuisée depuis plusieurs années, avait été publiée en 1992 par les
Presses de la Cité sous le titre Le Chariot des damnées. Cette nouvelle édition bénéficie d'une nouvelle
traduction.