Nice Jazz festival 2014
Nice Jazz festival, un public jeune ! Tout a commencé le 7 juillet par une visite matinale (réservée à la presse) de l’espace vide ...
https://lolagassin.blogspot.com/2014/07/nice-jazz-festival-2014.html
Nice Jazz festival, un public jeune ! |
Je
crois avoir déjà dit tout le bien que je pensais de la promenade du Paillon
dans sa totalité : espace, végétation, mobilier urbain etc. Il faut y
ajouter désormais cette enceinte réservée au festival, entourée de palissades
noires sur lesquelles, le temps de la manifestation, des graffeurs peuvent
s’exprimer librement (maigre résultat pour cette première année)… Cet espace
réservé au Nice Jazz Festival a été parfaitement conçu pour que chacun s’y
sente à l’aise, les musiciens dans leurs loges, la presse à son bar/restaurant/salon
d’interviews, et surtout le public, qui peut naviguer aisément entre le Théâtre
de Verdure et la Scène Masséna, sans risquer la fracture… En un mot, l’endroit
est parfaitement choisi et ne fait absolument pas regretter Cimiez et ses
riverains grincheux !
Vue d'ensemble |
Maintenant
venons-en au jazz, qui n’est pas ma spécialité mais qui est ma passion depuis
mon adolescence. Dûment instruite par mon amie Mary, fille de l’amiral en second
de la Flotte américaine basée à Villefranche, je m’étais à l’époque constitué
une belle collection de 33 tours avec la crème de ce qui faisait (et qui l’est
toujours aujourd’hui) c’est-à-dire Miles Davis, Thelonius Monk, Charlie Mingus
et tant de grands autres… achetés chez celui que nous, aficionados de la Note
bleue, nous appelions le Noir (sans aucun problème de politiquement correct à l’époque),
et qui tenait boutique dans un petit réduit, au début de la rue Longchamp.
Grâce à ses conseils éclairés, j’ai gardé une assez belle collection de vinyles
que j’écoute encore malgré leurs rayures, pour leur son dense et précis que
n’égale aucun CD.
De
festivals en festivals, de clubs en clubs, j’ai toujours gardé le contact, et
si j’oublie les noms des derniers venus, mon oreille garde cette vigilance aux
sons inventifs.
Qu’en
est-il aujourd’hui du combat d’arrière-garde entre les Anciens et les Modernes ;
les uns voulant garder à l’appellation jazz sa
pureté initiale, les autres accueillant avec enthousiasme son métissage avec
toutes les musiques du monde… Chaque point de vue est défendable, le tout est
une question de talent, ne parlons pas de génie, Miles Davis, John Coltrane
sont morts…
A
Nice, ce partage entre les deux tendances se fait avec équité ; le Théâtre
de Verdure accueille ce qui est franchement jazz et fidélise un public pas tout
jeune, jalousement attaché à sa chaise ; l’Espace Masséna, lui, réunit
surtout des jeunes, entassés, surchauffés qui attendent leur idole avec une
ferveur bruyante et dansante (exception faite pour Dead Purple où j’ai compté pas
mal de crânes dégarnis…)
Mon
point de vue maintenant sur quelques-uns des concerts auxquels j’ai
assisté : au Théâtre de Verdure, Kris Bowers
s’insère dans la longue liste
des grands pianistes (encore du chemin pour être un nouveau Monk), avec une
formation impeccable (Kris Bowers - piano & claviers / Jamire Williams -
batterie / Burniss Earl Travis - basse / Adam Agati - guitare /
Julia Easterlin - chant). J’ai goûté quelques instants de grâce, comme le
duo flamboyant de Bowers avec son batteur et les échanges avec Julia Easterlin,
sorte de Judy Garland du Magicien d’Oz,
dont la voix délicieusement acidulée s’accompagne d’une gestuelle drôle et
sexy…
Kris Bowers |
Kenny Garett |
Venons-en maintenant à la Scène Masséna. Le public y est plus jeune, pour plusieurs raisons ; la principale tient à la programmation, mais pour être plus terre à terre, disons qu’il n’est pas évident de rester trois quarts d’heure sur ses jambes… En contrepartie, cette station debout vous incite à bouger, à danser et manifester votre enthousiasme aux musiciens !
Cela
a été mon cas pour
Ben L’Oncle Soul & Monophonics (Ben - chant / Austin Bohlman - batterie /
Ian McDonald - batterie / Myles O’Mahony - basse / Kelly Finnigan - claviers /
Max Pinto - sax / Ryan Scott - trompette / Cyril Mence aka Opé Smith - chœurs /
Ulrich Adabunu - chœurs). Une foule surexcitée m’a propulsée au premier rang,
parmi des garçons et des filles à l’enthousiasme communicatif. L’assistance
chauffée par l’orchestre, le clavier et les deux danseurs, sorte de
chippendales noirs, a littéralement explosé à l’arrivée de L’Oncle Soul qui a
attaqué par ses derniers succès, que tous reprenaient en chœur… Un spectacle
inouï, mais aussi soutenu par une voix et une présence incroyablement
chaleureuse…
Comme il est dit dans le programme du festival :
« C’est
sans conteste l’homme qui a su conjuguer le mot soul en français et remettre au goût du jour le son des années 60
avec talent ! A moins de 30 ans, Ben L’Oncle Soul voue une passion sans bornes
pour la soul des belles années du label Motown. C’est avec cet amour du groove
qu’il est venu secouer le paysage musical français avec un premier album
éponyme en 2010. (…) Entouré des Monophonics, un groupe rencontré à San
Francisco, Ben L’Oncle Soul continue plus que jamais à faire sonner le français
comme on l’a rarement entendu. Déferlantes de cuivre, esprit gospel et bonheur
de chanter, Ben rassemble tous les ingrédients pour nous faire taper des pieds
et des mains, et on en redemande ! » Je n’aurais pas dit mieux…
Comme il est dit dans le programme du festival :
Ben L’Oncle Soul & Monophonics |
Dernier
bain de foule explosif avec incroyables effets de scène à Masséna, Deep Purple
(Roger Glover - basse / Ian Paice - batterie / Ian Gilan - chant / Don Airey -
claviers / Steve Morse - guitare).
Le magnifique solo de batterie de Ian Paice, les interventions parfois un peu envahissantes de
Don Airey au clavier ont permis au chanteur, Ian Gilan, de reprendre son
souffle, mais son timbre aux aigus renversants n’a pas que peu souffert des
attaques du temps… Eh puis le spectacle était là, et on ne badine pas avec les
mythes !
Deep Purple |
Michel Petrucciani, photo Dan Deschateaux |
Salle
à la déco un peu trop style casino, mais aux confortables fauteuils clubs, avec
des photos de Dan Deschateaux, Alain Gonthier et des peintures de Jacky Ananou aux murs.
Prix
hyper raisonnables, avec boissons et tapas ; il ne reste plus qu’à découvrir
une programmation qu’on souhaite à la hauteur…