Cédric Teisseire, un artiste touné vers les autres
Naissance à l’abstraction Je suis né à Grasse en 1968. Mes parents travaillaient dans les parfums. Ouverts et cultivés, ils s’intéressaien...
https://lolagassin.blogspot.com/2010/11/cedric-teisseire-un-artiste-toune-vers.html
Naissance à l’abstractionJe suis né à Grasse en 1968. Mes parents travaillaient dans les parfums. Ouverts et cultivés, ils s’intéressaient à la musique comme à l’art. Ils ont déclenché mon premier choc artistique en m’emmenant visiter la Fondation Maeght quand j’avais sept ou huit ans et j’ai tout de suite senti que les œuvres de Picasso, Miro, Giacometti… étaient en train d’ouvrir mon espace, de m’enseigner un rapport à cette histoire de l’abstraction qui désormais allait mener ma vie. Mais l’art c’était aussi toutes les formes de musique, le jazz à Juan-les-Pins, les concerts de rock, de pop, la musique sérielle, que je mélangeais dans une sorte de bouillon culturel formatif… Dire que j’ai voulu être un artiste dès mon plus jeune âge serait exagéré, les choses se sont construites petit à petit. Au lycée j’ai pu prendre une option art plastiques. Évidemment, on m’a parlé de la Villa Arson qui m’est tout de suite apparue comme un lieu formidable, mais tellement traumatisant à mes débuts… Les excès des autres étudiants, leurs personnalités fortes, torturées pour certains, me fascinaient et m’intimidaient. Tout ça a disparu à l’obtention du diplôme! J’ai sollicité Christian Bernard, le directeur de la Villa, afin qu’il m’attribue un atelier pour travailler à des installations d’expositions avec Axel H. Huber. Une part de moi-même s’est construite là.
Combler un manqueEn complément, je m’occupais du montage et de l’organisation d’événements au Palais des Festivals à Cannes ; j’ai ensuite été engagé par une boîte de production de pub, Hanne Evans Productions Services, ce qui m’a permis par ailleurs de me consacrer bénévolement à cette entité nommée La Station, que nous avons créée à plusieurs artistes pour répondre à une situation de grand fléchissement du paysage artistique dans les années 1995. Des galeries, une foire d’art contemporain partaient… Devions-nous partir ou construire notre propre outil de travail ? La Station est née au boulevard Gambetta, dans une ancienne station-service dont l’activité, fruit d’une énergie collective, a duré trois années, a ramené à l’art un public, pour ensuite continuer à se développer dans d’autres lieux de Nice.
Même si mes racines sont ici, je me suis toujours senti très mobile. J’ai rencontré ma compagne à Toulouse, lors d’une exposition qu’organisait Ben. Elle aussi faisait partie d’un collectif et il y a eu entre nous une fusion forte. Mes voyages se font surtout au gré de mes expositions, Cap Nord, Finlande, Croatie, New York… Depuis que la galerie Évelyne Canus m’a exposé à la foire de Bâle en 1996, je suis représenté depuis douze ans en Allemagne par Ulrich Müller, en Autriche par C.Art et aujourd’hui à Paris, dans le VIIIe, rue Delcassé par la galerie RX qui va ouvrir aussi un immense show-room à Vitry. En revanche, malgré un tissu culturel riche, il n’est pas toujours facile d’y exister en tant qu’artiste. Malgré le geste fort du Maire de donner à La Station une partie des Abattoirs, notre structure reste en état de fragilité, c’est peut-être ce qui nous tient en éveil…
Glissement des pratiquesPour revenir à mon travail, il me faut préciser ce que j’entends par être peintre.
Avant de désigner un objet que l’on confond bien souvent avec le tableau, la peinture est une matière. Il est donc probable que l’objet produit par cette matière dépende d’elle, de ses qualités, de sa physique. Ma pratique est absolument picturale mais en même temps d’un autre ordre. Les coulures constituent en tant que telles une sorte d’entre-deux monde purement fictif (celui-là même de la fiction qui nous hante) en ce qu’elles ne relèvent ni de la peinture au sens habituel, ni de la réalité au sens de ce qui serait hors du tableau.Ma peinture considérée comme une peau fiction, le tableau devient à la fois l’écran sur lequel échoue le regard et le sujet même de toute monstration. Parfois un miroir et son juste reflet.
Peindre et enseignerJe vis de mon travail d’artiste depuis plusieurs années, mais j’ai aussi depuis 2009 accepté un poste de professeur aux Beaux-arts de Toulon. Cette activité me passionne car j’établis avec chaque étudiant un suivi personnel et ces échanges, ainsi que ceux avec mes collègues, me permettent une introspection sur mon propre travail, une expérience que je peux ensuite retransmettre aux étudiants.
En conclusion, mon ambition est de garder un éveil toujours vif sur l’évolution du monde, et d’acquérir une plus grande sagesse. Cependant la transformation de l’art me préoccupe, il me semble que la tendance s’intéresse un peu trop aux artistes business, à l’institutionnel, à l’événementiel, au sponsoring au détriment de la création artistique.
Quelques dates :
1993 Obtention du DNSEP à la Villa Arson
1995 Toute chose étant égale par ailleurs, galerie Evelyne Canus, La Colle-sur-Loup, F
1996 Ouverture de La Station, Nice
Statements, foire de Bâle 27’96, galerie E. Canus, Bâle, CH
2001 Jolie attaque pour perdre, La Station invitée par BEN, Espace des Arts, Colomiers, F rencontre avec Claude V
2003 C/O, ALaPlage, Toulouse, F
2002 Chroma, Espace de l’Art Concret, Mouans-Sartoux, F
2005 Naissance de ma fille Daria
2008 Stéphanie Marin / Cédric Teisseire, la Cité radieuse, Marseille, F
2009 Installation de La Station dans les abattoirs de Nice
Combler un manqueEn complément, je m’occupais du montage et de l’organisation d’événements au Palais des Festivals à Cannes ; j’ai ensuite été engagé par une boîte de production de pub, Hanne Evans Productions Services, ce qui m’a permis par ailleurs de me consacrer bénévolement à cette entité nommée La Station, que nous avons créée à plusieurs artistes pour répondre à une situation de grand fléchissement du paysage artistique dans les années 1995. Des galeries, une foire d’art contemporain partaient… Devions-nous partir ou construire notre propre outil de travail ? La Station est née au boulevard Gambetta, dans une ancienne station-service dont l’activité, fruit d’une énergie collective, a duré trois années, a ramené à l’art un public, pour ensuite continuer à se développer dans d’autres lieux de Nice.
Même si mes racines sont ici, je me suis toujours senti très mobile. J’ai rencontré ma compagne à Toulouse, lors d’une exposition qu’organisait Ben. Elle aussi faisait partie d’un collectif et il y a eu entre nous une fusion forte. Mes voyages se font surtout au gré de mes expositions, Cap Nord, Finlande, Croatie, New York… Depuis que la galerie Évelyne Canus m’a exposé à la foire de Bâle en 1996, je suis représenté depuis douze ans en Allemagne par Ulrich Müller, en Autriche par C.Art et aujourd’hui à Paris, dans le VIIIe, rue Delcassé par la galerie RX qui va ouvrir aussi un immense show-room à Vitry. En revanche, malgré un tissu culturel riche, il n’est pas toujours facile d’y exister en tant qu’artiste. Malgré le geste fort du Maire de donner à La Station une partie des Abattoirs, notre structure reste en état de fragilité, c’est peut-être ce qui nous tient en éveil…
Glissement des pratiquesPour revenir à mon travail, il me faut préciser ce que j’entends par être peintre.
Avant de désigner un objet que l’on confond bien souvent avec le tableau, la peinture est une matière. Il est donc probable que l’objet produit par cette matière dépende d’elle, de ses qualités, de sa physique. Ma pratique est absolument picturale mais en même temps d’un autre ordre. Les coulures constituent en tant que telles une sorte d’entre-deux monde purement fictif (celui-là même de la fiction qui nous hante) en ce qu’elles ne relèvent ni de la peinture au sens habituel, ni de la réalité au sens de ce qui serait hors du tableau.Ma peinture considérée comme une peau fiction, le tableau devient à la fois l’écran sur lequel échoue le regard et le sujet même de toute monstration. Parfois un miroir et son juste reflet.
Peindre et enseignerJe vis de mon travail d’artiste depuis plusieurs années, mais j’ai aussi depuis 2009 accepté un poste de professeur aux Beaux-arts de Toulon. Cette activité me passionne car j’établis avec chaque étudiant un suivi personnel et ces échanges, ainsi que ceux avec mes collègues, me permettent une introspection sur mon propre travail, une expérience que je peux ensuite retransmettre aux étudiants.
En conclusion, mon ambition est de garder un éveil toujours vif sur l’évolution du monde, et d’acquérir une plus grande sagesse. Cependant la transformation de l’art me préoccupe, il me semble que la tendance s’intéresse un peu trop aux artistes business, à l’institutionnel, à l’événementiel, au sponsoring au détriment de la création artistique.
Quelques dates :
1993 Obtention du DNSEP à la Villa Arson
1995 Toute chose étant égale par ailleurs, galerie Evelyne Canus, La Colle-sur-Loup, F
1996 Ouverture de La Station, Nice
Statements, foire de Bâle 27’96, galerie E. Canus, Bâle, CH
2001 Jolie attaque pour perdre, La Station invitée par BEN, Espace des Arts, Colomiers, F rencontre avec Claude V
2003 C/O, ALaPlage, Toulouse, F
2002 Chroma, Espace de l’Art Concret, Mouans-Sartoux, F
2005 Naissance de ma fille Daria
2008 Stéphanie Marin / Cédric Teisseire, la Cité radieuse, Marseille, F
2009 Installation de La Station dans les abattoirs de Nice
Propos recueillis par Hélène Jourdan-Gassin pour COTE, N°188, octobre 2010