Irrational man
Joaquim Phoenix & Emma Stone L’Homme irrationnel Je me pose une double question : est-ce pour avoir vécu à New York et en g...
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Joaquim Phoenix & Emma Stone |
L’Homme irrationnel
Je me pose une double question : est-ce pour avoir vécu à New York
et en gros dans le même milieu que Woody Allen, que j’ai été contaminée par
l’opinion très mitigée des New-Yorkais, qui le voient comme le
prototype du cinéaste pseudo-intellectuel d’un milieu branché ambiant,
enthousiasmant les Européens et en particulier les Français, par son humour juif dont ils (les Français) ne comprennent pas la
moitié des subtilités, intraduisibles, même par des sous-titres, ou alors
dois-je reconnaître que je ne suis plus vraiment charmée par le merveilleux
cinéaste que fut le Woody Allen d’Annie Hall, Manhattan, Hannah et ses sœurs ou Interiors
et de quelques succulentes bouffonneries…
La série européenne qui a commencé par une jolie comédie, Vichy Cristina Barcelona, s’est vite essoufflée et
avec Minuit à Paris, To Rome with Love, Magic in the Moonlight,
nous n’avons plus eu de Grand Woody Allen à
l’exception de Match Point, qui est
pour moi son meilleur film de la décennie 2000, que l’on peut d’ailleurs rapprocher de L’Homme irrationnel par le sujet,
c'est-à-dire un suspense criminel…
Abe Lucas (Joaquim Phoenix) |
Le pitch : «
Professeur de philosophie, Abe Lucas (Joaquim Phoenix) est un homme dévasté sur
le plan affectif, qui a perdu toute joie de vivre. Peu après son arrivée dans
l’université d’une petite ville, Abe entame deux liaisons. D’abord, avec Rita
Richards (Parker Posey), collègue en manque de compagnie qui compte sur lui
pour lui faire oublier son mariage désastreux. Ensuite, avec Jill Pollard (Emma
Stone), sa meilleure étudiante, qui devient aussi sa meilleure amie. C’est
alors que le hasard le plus total bouscule le destin de nos personnages dès
lors qu’Abe et Jill surprennent la conversation d’un étranger et s’y
intéressent tout particulièrement. Après avoir pris une décision cruciale, Abe
est de nouveau à même de jouir pleinement de la vie. Mais ce choix déclenche
une série d’événements qui le marqueront, lui, Jill et Rita à tout jamais. »
Malgré mon désir effréné d’être emportée par un grand film que
j’exprimais dans mon article précédent, je suis restée en dehors de cette
histoire mi-existentielle
mi-policière du genre La philosophie pour les Nuls…
Joaquim Phoenix, en prof dépressif et ventripotent, à la lourde
réputation de séducteur des campus, aurait pu me toucher comme dans Her,
ce beau film où il joue un solitaire, dépressif aussi, qui se laisse séduire
par une Voix, mais dans son film, Woody Allen en fait un prof de philo
au discours cynique et verbeux, auquel il prête ses propres références, allant
de Kierkegaard à Jean-Paul Sartre en passant par Dostoïevski etc., sans donner
à ce fatras philosophique l’étincelle d’humour qu’il a su jusqu’alors insuffler
à ses personnages pour démythifier la prétention de leur discours…
Parker Posey & Joaquim Phoenix |
Les personnages féminins sont, eux aussi, dénués de toute distante
légèreté, que ce soit la prof mangeuse d’hommes ou la jeune
étudiante brillante et romantique amoureuse de son professeur de philosophie…
Dans cette peinture, Woody Allen revient à ce qui l’a toujours interpellé, le
goût des hommes mûrs pour les très jeunes filles (on ne peut qu’être amusé par
les tenues choisies pour Emma Stone : shorts ou robes ras la culotte !
Quant à la représentation des autres personnages, elle est
pratiquement inexistante et l’atmosphère de cette université de province est semblable à ce qu’on a déjà souvent vu dans le cinéma
américain.
De l’intrigue policière, je ne vous dirai rien (pour ménager le
suspense) si ce n’est qu’elle est bien menée, comme tout le film d’ailleurs. On y retrouve le grand savoir-faire de Woody Allen, mais sans cette flamme qui a fait de lui
un très bon cinéaste, et surtout sans cet
humour corrosif qu’il a su mettre dans tous ses sujets, même les plus graves.
On regarde le film comme on feuillette un livre d'images, avec un certain intérêt, mais sans passion.
Une déception, donc, malgré un grand succès dans les salles et une
critique dithyrambique de tous les partenaires du Cercle, l’émission de
Frédéric Beigbeder.